
Les fils de Thor

Pendant plusieurs siècles et jusqu’à l’époque de la Révolution, la pendaison, ou peine de la hart, fut le supplice le plus souvent appliqué en France ; aussi, dans chaque ville et presque dans chaque bourg, y avait-il une potence permanente, qui, vu la coutume générale d’y laisser suspendus les suppliciés jusqu’à ce qu’ils tombent en poussière, était bien rarement dépourvue de cadavres ou de squelettes. Ces sortes de gibets, nommés fourches patibulaires ou justices parce qu’ils représentaient le droit de haute justice seigneuriale, se composaient ordinairement de piliers de pierre, réunis entre eux au sommet par des traverses de bois auxquelles on attachait le corps des criminels avec des cordes ou des chaînes. Ces fourches patibulaires, où le nombre des piliers variait en raison de la qualité du seigneur justicier, étaient toujours placées au bord des chemins fréquentés et sur une élévation de terrain.
Conformément à la règle, les fourches patibulaires de Paris, qui jouèrent un si grand rôle dans l’histoire judiciaire ou même politique de cette cité, s’élevaient sur une butte, au nord de la ville, à proximité de la grande route d’Allemagne. Du nom de Montfaucon, que portait originairement cette butte, on fit bientôt celui du gibet lui-même.